Chapitre 20

Thibault,

Toute ma vie on n'a pas cessé de me dire qu'on avait toujours le choix. Je me demande vraiment si ça s'applique bien à toutes les situations, mais je suppose que oui. Mais de ce cas-ci qu'est ce que ça serais, le choix ? Se battre où attendre ? Alors mon choix est déjà fait, il faut défendre ce qu'on pense être juste. Ça aussi on me l'a souvent répété. Pourquoi notre vie n'est-elle jamais paisible très longtemps ? Il faut croire que sans ça, elle serait ennuyeuse. Mais dans ce cas pourquoi la vie est-elle si cruelle ? Ça reste un mystère.

La police m'a posé des questions pendant plus de deux heures, ma relation avec les parents adoptifs de Clara, son comportement … J'ai envie de me battre et d'agir, je ne sais pas vraiment si j'en serais capable. Le seul fait de sortir dans le parc de l’hôpital me terrorise. Je sais pourtant que je ne passerai pas ma vie dans une chambre avec un policier devant la porte mais pour le moment je me sens en sécurité. Mes parents ont étés prévenus de tout ce qu'il s'est passé mais j'ai refusé qu'ils viennent ici, j'ai refusé de leur parler de ce qui c'est passé ni même de leur parler tout court. Je ne veux pas les mettre en danger ou les mêler à cette histoire, c'est comme si j'étais dans une vie parallèle, un autre monde. Je ne supporte pas de rester là sans rien faire alors que deux fous sont en liberté dans la nature quelque part.

La porte grince,

Une infirmière – Bonjour Thibault je m'appelle Laura, je viens vérifier qu'il n'y a bien plus d'antibiotiques dans ton sang.

Thibault – Je peux vous poser une question ?

Laura – Bien sûr !

Thibault – On est où exactement ?

Laura – C'est à dire ?

Thibault – L'hôpital, il se trouve dans quelle ville ?

Laura – Genève

Thibault – Genève en Suisse ?

Laura – Tout à fait ! Ça y est c'est terminé. Au fait tu vas pouvoir aller voir Clara, elle est dans la chambre à la droite de la tienne. Mais ne reste pas debout trop longtemps et ne te lève pas trop vite pour ne pas nous faire un malaise.

Thibault – Pas de soucis et merci !

Tout à coup c'est comme un choc. Comment peut-on se faire battre pendant quatre ans sans ne rien dire à personne ? Comment peut-on cacher ses bleus et ses hématomes pendant si longtemps ? Comment a-t-elle tenue ? Elle est forte, elle n'est pas du genre à se plaindre et je suis sûr qu'elle s'en voudra par rapport à ce qu'il s'est passé mais elle n'y est pour rien. Ce malheur sera peut-être l'occasion pour elle de commencer une nouvelle vie, une vie où elle pourra enfin sourire sans rien cacher derrière. Une vie où elle sera heureuse et dont elle pourra profiter pleinement. La vie n'a pas toujours été tendre avec elle et s'est beaucoup acharné sur son sort. La pauvre, je sais qu'elle ne sera pas de cet avis mais je sais aussi que la plupart des gens le ressente comme moi. Je ne sais pas comment la rassurer ni comment lui montrer que je suis là, je ne suis pas doué avec les mots. C'est pourtant le rôle d'un ami, d'un confident et celui d'un petit-ami alors tout ça à la fois. Je peux seulement lui offrir une épaule, du soutient et tout simplement moi. Je serais là si elle veux bien de moi et je comprend qu'elle souhaite aussi être seule. Ce n'est pas une fille solitaire mais simplement indépendante qui n'aime pas dépendre des autres et qui aime se débrouiller seule dans la vie. Je sais aussi qu'elle aime régler les problèmes seule mais dans ce cas-là ce sera différent, qu'elle le veuille ou non je serais là parce qu'elle à trop souffert et qu'elle n'aurait justement pas dû être aussi seule pendant ces quatre dernières années.