Chapitre 9

Clara,

Je lave le sol, je frotte, je rince, je change l'eau. Et je recommence, je rince, j’essore, je remet la serpillière, je frotte, je retrempe … J'ai enfin fini ! Maintenant, j'attaque la cuisine. Je rince mon éponge, je met du produit, je frotte, je rince … La tête me tourne, je n'ai rien eu à manger depuis hier midi. Je continue quand même, je met du produit, je frotte, je rince et épuisée, je m'écroule, inconsciente.

Quand je reprend connaissance, je suis allongée dans la cuisine. Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, quelques secondes ou quelques minutes ? En tout cas Didier ronfle encore bruyamment, sa bouteille de rhum au pied du canapé. Je me relève doucement et avant même que je n'ai eu le temps de reprendre tous mes esprits, une gifle vient brusquement heurter ma joue.

La marâtre - Alors on fait la feignante ? Pour la peine après avoir fini ça tu me fera tous les carreaux !

J'ai bien envie de m'écrouler encore une fois ou de fondre en larmes mais je tiens le choc et encaisse sans broncher. Je m'active donc pour finir la cuisine, à bout de force. Je me demande encore comment je peux tenir sur mes deux jambes mais je frotte encore et encore. Il est 18h, j'attaque maintenant les carreaux en montant sur l’escabeau j'ai  peur de tomber mais j'essaie de ne pas y penser. Je me dépêche comme ça plus vite j'irais plus vite cet enfer se terminera.

Pendant 2 heures encore, je passe mon temps entre laver et essuyer les carreaux. Les larmes m'en coulent toutes seules. Il est 20h15 et la marâtre m'ordonne de m’asseoir.

La marâtre - Sache que ton comportement à été inadmissible ! Ne t'avise pas de recommencer !

Clara - Vous allez me donner à manger ?

La marâtre - Petite insolente ! Tu pourrais au moins t'excuser.

Une nouvelle fois, je reçois une gifle, elle commence à me faire peur. Elle à de la haine dans les yeux et elle sent l'alcool.

La marâtre - Dégage de ma vue !

J’essaie de me lever tant bien que mal, j'avance vers l'escalier mais au moment de monter l'escalier, je m'écroule encore une fois.

Quand je me réveille, je suis toujours en bas de l'escalier, je regarde autour de moi. La marâtre n'est pas là pour me gifler, je monte comme je peux puis une fois devant ma porte, j'espère juste que mon vieux clic-clac est encore là. J'ouvre la porte et j'ai le grand bonheur de voir qu'il n'a pas bougé, je m'allonge toute habillée, n'ayant pas le courage et la force de me mettre en pyjama.

Mon ventre se tord et me fait mal, la tête me tourne tellement la faim se fait sentir. La marâtre n'a pas voulu me donner à manger depuis hier soir, le dernier repas que j'ai mangé c'était donc chez Thibault, hier midi. Je me rappelle soudain qu'elle m'a aussi pris mon portable, je la soupçonne de m'avoir autorisé à en avoir un seulement car elle peut me suivre à la trace grâce à un logiciel sur l'ordinateur. Elle m'a fait faire du ménage toute la journée, je n'ai pas eu une minute à moi, elle à même pris un RTT pour me surveiller. C'est pas une vie, passer son temps entre être écolier et le soir se transformer en Cendrillon ! Au moins elle, elle avait à manger !

Je m'endors finalement épuisée par la faim et la fatigue.